Page:Scarron - Le Virgile travesti, 1889.djvu/483

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Depuis peu morte à son service ;
Elle eut ainsi par artifice
Un attelage sans pareil
Parent de celui du Soleil.
Or donc, la piétonne ambassade
De chez Latin en cavalcade
Revint, chacun des mieux monté
Et tenant bien sa gravité.
Cependant Junon l’Argienne,
Selon sa coutume ancienne,
D’Argos seule s’en revenait
Dans un joli char que traînait
Une paire de paons superbes :
Si j’étais un de nos Malherbes,
J’en ferais la description,
Mais j’ai oui parler d’Ixion,
Et sais bien que trop entreprendre
Est le moyen de se méprendre.
Junon donc revenait d’Argos,
Dame toujours sur ses ergots,
Toujours colère et glorieuse,
Enfin toujours capricieuse.
Sur le promontoire Pachin,
Qui se trouvait en son chemin,
Elle pensa faire une pose,
Mais bien souvent ce qu’on propose
Rencontre contrariété.
Elle avait son char arrêté
Pour donner haleine à ses bêtes
Elle vit des Troyens les fêtes,
Elle aurait bien mieux aimé voir
Son Jupiter lui faisant noir,
Lui faisant même une algarade,
Par exemple, d’une gourmade
Lui faisant application.
Car, après la correction,
La gourmade, n’en fût-il qu’une,
Est d’une vertu non commune.
La dame donc eût mieux aimé
Voir son mari contre elle armé,