Page:Scarron - Le Virgile travesti, 1889.djvu/60

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En ce pays nouveaux venus,
Nous avons peur des inconnus ;
Le moindre vaisseau dans la plage
Nous donne aussitôt de l’ombrage,
Sans cela, vous n’auriez de nous
Reçu la moitié tant de coups.
Je m’offrirais de les reprendre,
Si tant de coups se pouvaient rendre,
Sans qu’aucun de votre côté
En demeurât épousseté.
Je voudrais pour vous satisfaire
Que cette chose se pût faire,
Pouvoir révoquer le passé ;
Mais puisqu’aucun n’est trépassé,
Pour les épaules maltraitées
Emplâtres seront apprêtées,
Et vous aurez chacun un plat
D’un très souverain oxycrat
Je ne plaindrai point la dépense
Pour vous faire oublier l’offense :
Car qui n’a point oui parler,
En quel pays n’a pu voler
De votre Prince l’origine ?
On sait partout qu’elle est divine,
Quoiqu’issu d’un père mortel,
A sa mère on bâtit autel,
Toute femme qui s’abandonne
La reconnaît pour sa patronne,
Et dans notre calendrier
On ordonne de la prier.
Qui ne sait les causes données,
D’une guerre de dix années ?
Les gens de Tyr et de Sidon
Ne sont pas si stupides, non.
On sait bien tôt parmi les nôtres
Ce qui se passe chez les autres.
Le Soleil reluit dessus nous,
Aussi bien qu’il fait dessus vous.
Mais, soit que vous ayez en tête
Du pays latin la conquête,