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Page:Scarron - Oeuvres Tome 7 - 1786.djvu/175

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Sur cet ample sujet j’en dirois davantage,
Et je pense en avoir la force et le courage :
Mais le plaisir que j’ai de vous entretenir,
Me fait presqu’oublier qu’il faut enfin finir.
C’est un défaut commun à nous autres malades,
D’être de grands faiseurs de trop longues tirades ;
Je veux dire sujets à nous laisser aller,
Sans raison ni mesure, à l’ardeur de parler.
Si la faute en est faite, ayez cette indulgence,
De ne l’attribuer qu’à ma reconnoissance,
Et de ne douter pas que ce ne soit du cœur
Que Scarron ou Scaurus est votre serviteur.


À MONSEIGNEUR
LE MARÉCHAL D’ALBRET.
ÉPÎTRE CHAGRINE, OU SATYRE II

Brave d’Albret, dont l’éclatant renom
Donne du lustre à ton illustre nom,
Bien que ton nom à tel point soit illustre,
Qu’il peut servir à tous autres de lustre,
On peut t’aimer, ou par ambition,
Pour ta naissance et ta condition ;
Ou par amour pour tout ce que d’aimable,
Tout ce qu’en toi l’on trouve d’adorable ;
Pour ta valeur portée au plus haut point,
Pour ton esprit qui ne lui cède point,
Ta riche taille et ta mine guerriére,
Pour l’air charmant de ta personne entiére ;
Cet air charmant, dont même en tes vieux ans
Il paroîtra que tu fus Miossens,
Ce Miossens aux maris si terrible,
Ce Miossens à l’amour si sensible,
Mais si léger en toutes ses amours,
Qu’il change encor, et changera toujours.
Enfin, on peut pour différentes causes
Aimer en toi mille excellentes choses,
Et tu n’as rien qui ne soit précieux.
Mais la bonté, ce rare don des cieux.