Page:Schelle - Le Docteur Quesnay.djvu/135

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

À cette époque, le langage des particuliers, très mesuré dans les lieux publics par crainte de la police était très osé dans l’intérieur des maisons. Les propos « les plus républicains et les plus effrénés[1] » y étaient tenus. Chez Quesnay, dans le Palais de Versailles, on s’exprimait aussi hardiment que dans la maison la plus retirée. Les propos n’étaient pas républicains, mais les questions les plus brûlantes étaient agitées. Témoin deux dialogues recueillis par Mme du Hausset.

Voici le premier : la conversation avait d’abord été ennuyante ; on avait parlé du produit net ; puis la politique vint.

« J’ai trouvé mauvais visage au roi, dit Mirabeau, il vieillit. — Tant pis, mille fois tant pis, répondit Quesnay, ce serait la plus grande perte pour la France s’il venait à mourir. » Et il leva les yeux au ciel en soupirant profondément : « Je ne vous ai jamais vu si passionné », reprit le marquis. — « C’est que je songe à ce qui s’en suivrait. » — « Le Dauphin est vertueux. » — « Oui, et plein de bonnes intentions et il a de l’esprit ;

  1. Vie privée de Louis XV.