Page:Schiff - Marie de Gournay.djvu/106

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l’excellence. 328 Adjoustons à ce discours, que non seulement le vulgaire des Lettrez bronche à ce pas, contre le sexe feminin, mais que parmy ceux mesmes vivans et morts, qui ont acquis quelque nom aux Lettres en nostre siecle, 329 voire par fois soubs des robes serieuses, 330 j’en ay cogneu qui mesprisoient absolument les Œuvres des femmes, sans se daigner amuser à les lire pour sçavoir de quelle estoffe elles sont : 331 et sans se vouloir premièrement informer, s’ils en pourroient faire eux-mesmes qui meritassent que toute sorte de femmes les leussent. 332 Traict en verité fort commode selon le goust populaire à relever l’éclat de leur suffisance : puisque pour mettre un homme en estime aupres du commun, ceste beste a plusieurs testes, sur tout en la Cour ; il suffit que cêt homme méprise cetuy-cy et cetuy-là, et qu’il jure estre quant à luy, le prime del monde: à l’exemple de ceste pauvre folle, qui croyoit se rendre un exemplaire de beauté, pour s’en aller criant par nos ruës de Paris, les mains sur les costez : Venez voir que je suis belle. Mais je souhaitterois en charité, que ces gens eussent adjousté seulement un autre traict de souplesse à 333 cestuy-là. C’est de nous faire voir que 334 leur mesme suffisance surpassast teste pour teste celle de ce sexe par tout : ou bien au pis aller, égallast 335 celle de leurs voisins : 336 ouy mesmes voisins au dessoubs du haut estage. Cela s’appelle, que nous ne leussions pas aux 337 ouvrages de ceux de leur troupe, qui osent escrire, des traductions infames s’ils se meslent d’exprimer un bon Autheur, des conceptions foibles et