Page:Schiff - Marie de Gournay.djvu/33

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peine de les démentir. « Car, dit-elle, sans ceste cuysante suitte ; quelque effort de mon courage me deffendroit au moins par desdain, de m’amuser à respondre à ces bavasseries. » On l’accuse d’avoir de beaux meubles, de tenir table et de s’offrir le luxe de deux demoiselles. Marie réplique qu’une fois elle a pris à ses gages une fille de cette condition avec celle qui lui était ordinaire et nécessaire, mais c’était parce qu’elle jouait du luth et qu’elle avait besoin de musique pour charmer une tristesse importune. Elle confesse aussi avoir eu parfois deux laquais, c’était trop d’un, mais cependant elle les occupait bien tous les deux. Jamais elle n’a couché que dans un lit de laine et n’a point fait de vaines dépenses de vivres ni de meubles. Tout ce qu’elle accorde à ses calomniateurs, c’est d’avoir perdu 500 écus pour avoir été « trop confiante en autruy » et 500 autres par « vanité de jeunesse ». À ceux qui lui reprochaient son carrosse, Marie de Gournay répond avec une colère légitime qu’elle y avait droit par sa naissance et qu’étant donné l’état des rues de Paris elle ne pouvait s’en passer. Elle s’exprime ainsi : « Pour le regard du carrosse que j’avois, cela est nay avec les femmes de ma qualité, toute simple que je l’aye recogneuë : ouy mesmes totalement nécessaire par la longueur et saleté du pavé de Paris : notamment si elles portent toute la charge d’une succession paternelle sur les bras comme moy. Puis l’exemple general et tyrannique du siecle, rend la honte du manquement d’un carrosse si grande, qu’il n’est pas permis à celles