Page:Schiff - Marie de Gournay.djvu/61

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moins intéressant pour cela. Il est tout à fait curieux de constater que les critiques qui se sont occupés de Marie de Gournay n’ont pas fait de ses traités en faveur des femmes et des nombreuses déclarations de féminisme qui émaillent ses ouvrages, le cas qu’il en fallait faire[1].

Dans un examen de ses œuvres intitulé Discours sur ce livre et que Marie de Gournay a mis en tête de ses Advis ou presens de 1641, elle parle en passant du Grief des dames qu’elle estime être « de trop courte estenduë pour le daigner alleguer ». Par contre, elle consacre un paragraphe tout entier l’Égalité : « J’oubliois, dit-elle, l’Egalité, qu’il faut soubmettre à la touche par ce que peuvent valoir ses raisons et ses pensées, fortes ou feibles qu’elles soient, et puis apres, par la considération de son dessein. Sçavoir si ce nouveau biais qu’elle prend et qui la rend originale, est bon pour relever le lustre et pour vérifier les privileges des Dames, opprimez par la tyrannie des hommes. J’entends, s’il est meilleur, de les combattre plustost par eux-mesmes, c’est-à-dire par les sentences des plus illustres Esprits de leur sexe prophanes et saincts, et par l’authorité mesme de Dieu ; que si je rendois ces adversaires là, hardis à tascher d’affeiblir mes preuves pour ce regard, en m’amusant à leur livrer un combat

  1. M. Ascoli (1. c. p. 21) traite Mademoiselle de Gournay avec un mépris regrettable. Il en fait une compilatrice sans originalité et l’expédie, elle et ses « brochures », en deux lignes. M. T. Joran est plus juste lorsqu’il donne, en passant, les titres de « chef de file » et de « mère du féminisme moderne » à la vieille demoiselle. (Cf. La Trouée féministe, p. 61 et 63).