Page:Schiff - Marie de Gournay.djvu/85

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mourans, ait forcé les Peres anciens d’establir cet usage en despit d’eux : il est certain qu’ils n’auroient jamais creu que la necessité les peust dispenser 197 de mal faire, jusques aux termes 198 de permettre violer et diffamer l’application d’un Sacrement. Et partant concedans 199 ceste faculté de distribution aux femmes, on void à clair qu’ils 200 ne les ont interdites de 201 distribuer les autres Sacremens, que pour maintenir tousjours plus entiere 202 l’auctorité des hommes ; soit pour estre 203 de leur sexe, soit afin qu’à 204 droit ou à tort, la paix fust plus asseurée entre les deux sexes, par la foiblesse et 205 ravallement de l’un. Certes sainct 206 Ierosme escrit sagement 207 à nostre propos[1] ; qu’en matiere du service de Dieu, l’esprit et la doctrine doivent estre considerez, non le sexe. Sentence qu’on doit generaliser, pour permettre aux Dames à plus forte raison, toute 208 action et science honneste : et cela 209 suyvant aussi les intentions du mesme sainct, qui 210 de sa part honnore et 211 auctorise bien fort 212 leur sexe. 213 Davantage sainct Jean l’Aigle et le plus chery des Evangelistes, ne mesprisoit pas les femmes, non plus que sainct Pierre, 214 sainct Paul et ces 215 deux Peres, j’entends sainct Basile 216 et sainct Ierosme[2] ; puis qu’il leur addresse ses Epistres particulierement : sans parler d’infinis autres Saincts ou Peres, qui font pareille addresse de leurs Escrits. Quand au faict de Iudith je n’en daignerois

  1. Epist. (N. d. a.)
  2. Electra. (N. d. a.)