Page:Schiller - Le Nécromancien ou le Prince à Venise, tome premier.djvu/187

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tive soumission d’un timide esclave.

Tous ses penchans naturels furent comprimés. Jouissant d’une santé brillante, sensible et dans l’âge des plaisirs, jamais cependant il n’osa saisir leur coupe séduisante. Dès qu’une inclination secrète le sollicitait à les goûter, la religion était là pour en arrêter tout à coup l’essor. La trouvant ainsi en opposition continuelle avec tout ce qui pouvait flatter son jeune cœur, jamais il ne la connut bienfaisante, toujours menaçante et terrible. C’est ainsi qu’insensiblement s’élevait contre elle une secrète indignation dans son ame, et ce sentiment formait le mélange le plus bizarre avec le respect qu’il ne pouvait lui refuser.