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de Lamarck et soutenir qu’en vertu de l’influence d’une vie plus aquatique que continentale, il y ait jamais eu des hommes palmimanes et palmipèdes (1), mais à titre de symbole la chose a une importance réelle, et on doit l’accepter. Plus heureux que Burnouf qui voyait ici une «équivoque», ajoutant que les peintures et les statues de Câkyamuni «ne justifient d’aucune façon (2) l’interprétation qu’on a donnée du terme de jalâ (nageoire) », nous avons pu constater cette construction anatomique sur quelques bronzes du Buddha que M. Cernuschi a rapportés de l’extrême Orient.

Faut-il insister sur les autres signes ? Mais il est suffisamment connu, pour celui surtout qui a vu comme moi tout un régiment de nègres du Soudan, que les longs bras, puis aussi les grandes oreilles, non-seulement démesurément allongées par l’insertion dans les lobes d’objets de poids, mais grandes de nature (car souvent ces lobes ne sont pas du tout troués) ; que les bras et les oreilles du Buddha sont caractéristiques du vieux fonds de l’humanité, c’est-à-dires des races anariennes. Si donc nous voyons ces signes à Çâkyatathâgata, il est évident par cela même que, dans l’opinion des buddhistes, la doctrine que personnifie son image, et sans laquelle ils ne sauraient se représenter le Buddha, est bien plus ancienne que le fils du roi de Çuddhodana, qu’elle remonte aux origines de sa race et, partant,

(1) Voici le passage de la « Philosophie zoologique » qui prêterait à soutenir cette thèse. « De nouveaux besoins ayant rendu telle partie nécessaire, ont réellement, par une suite d’efforts, fait naître cette partie, et ensuite son emploi soutenu l’a peu à peu fortifiée, développée... L’oiseau, que le besoin attire sur l’eau pour y trouver la proie qui le fait vivre, écarte les doigts de ses pieds lorsqu’il veut frapper l’eau et se mouvoir à sa surface. La peau qui unit ces doigts à leur base, contracte, par ces écartements des doigts sans cesse répétés, l’habitude de s’étendre ; ainsi avec le temps, les larges membranes qui unissent les doigts des canards, des oies, etc., se sont formées telles que nous les voyons. Les mêmes efforts faits pour nager, c’est-à-dire pour pousser l’eau, afin d’avancer et de se mouvoir dans ce liquide, ont étendu de même les membranes qui sont entre les doigts des grenouilles, des tortues de mer, de la loutre, du castor, etc. (Lamarck, Philos. zool., I, 222, 249 ; 1809).

(2) Lotus de la bonne Loi, p. 574.