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LE CADAVRE ET LES FLEURS




Puvis de Chavannes, le Maître impeccable, le Dante de la peinture, prépare dans un nuage son grand tableau du Salon prochain : Une jeune femme pâle qui cueille des fleurs dans une prairie, tandis que deux hommes, à figures d’argousins, l’observent à distance.

C’est tout un drame que ce tableau et voici comment Puvis le raconte :

La scène se passe en Autriche et le point de départ est à peu près le même que celui du crime du Pecq.

Blanche Berstein, mariée à un homme ombrageux et jaloux, a eu pour amant un officier de la garde, un de ces jeunes élégants, cavaliers audacieux, danseurs indispensables, qui sont de toutes les fêtes et dont les hommages flattent toujours une femme.

Elle s’est donnée à lui ; elle l’aime éperdument.

Le mari a tout appris. Il se rend chez le frère de sa femme, lui met sous les yeux les preuves de son déshonneur. Le frère est atterré. Il occupe un rang important dans la société viennoise, il est allié à une grande famille, il a des enfants. Un scandale va s’abattre sur ces innocents ; la faute de sa sœur rendue publique, tout s’écroule autour de lui.

Que faire ? Il n’y a pas à hésiter, il faut que l’amant disparaisse.

Le frère et le mari entrent soudainement dans la chambre de la jeune femme. Elle est seule, elle lit.