Page:Schoonbroodt - Le retour de la petite bourgeoise, 1916.djvu/99

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n’ont pas besoin d’émotions. Laissons-leur leurs belles illusions. Il sera toujours temps de s’apercevoir qu’elles ne sont que des bulles d’air aux jolies couleurs… Les illusions, n’est-ce pas ce qu’il y a encore de plus beau dans la vie ? n’est-ce pas un peu d’idéal dans la froide réalité ? Non, Pauline n’a pas besoin d’émotions, et voyez, moi, ne suis-je pas ému plus que de raison ? Ému de tout ce qui arrive pour l’instant : la partie de plaisir que nous avions entreprise de commun accord, le voyage en train de plaisir, — ô ironie, — qui s’achève par un drame poignant et peut-être par une mort.

Madame Brayant. — Qu’avez-vous ? Vous semblez tout chose…

Monsieur Dumortier. — Mon Dieu, ce que j’ai ? J’ai l’âme chavirée en voyant de bons vieux ménages comme les nôtres, de vieilles familles bourgeoises encore si unies hier, déchirées aujourd’hui. Vous êtes allée à Paris, chère madame, pour rechercher votre Émerance et vous l’y avez cherchée en vain. Si cependant le hasard avait voulu que vous la rencontriez là-bas, l’eussiez-vous reprise avec vous ?

Madame Brayant. — Certes.

Monsieur Dumortier. — Je n’aime pas ce mot. Il fait partie de tout style administratif… Il est vague