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LE DESTIN DE L’INDIVIDU

vidualité qui lui est si particulière, à tous les points de vue : physique, moral, intellectuel, qui, pour lui, est tout dans tout, et par là doit être venue de la nécessité métaphysique la plus haute ; c’est la considération, dis-je, que cette individualité d’autre part (comme, je l’ai démontré dans mon principal ouvrage, t. II, chap. xliii) se présente comme le résultat nécessaire du caractère moral du père, de la capacité intellectuelle de la mère, et, en ce qui concerne le corps, des dispositions physiques communes des deux. Mais l’union de ce père et de cette mère a été amenée d’ordinaire par des circonstances qui semblent un pur hasard. C’est donc ici, que se présente irrésistiblement à l’esprit l’idée nécessaire ou le postulat métaphysique et moral d’une unité dernière de la nécessité et du hasard. Arriver à une idée claire de cette même et unique racine des deux, je le tiens pourtant pour impossible : la seule chose qu’on puisse dire c’est que ce principe unique serait en même temps ce que les anciens appelaient le destin πεπρωμενη, είμαρμενη, fatum, ce qu’ils entendaient par le génie protecteur de tout individu, et aussi, en même temps, ce que les chrétiens adorent sous le nom de Providence, προνοια. Ces trois choses se distinguent,