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MÉMOIRES SUR LES SCIENCES OCCULTES

nication entre les êtres comme derrière les coulisses ou sous la table à titre de jeu secret. Il faudrait admettre enfin que, comme dans la clairvoyance somnambulique il se produit une véritable suspension de l’activité individuelle isolée de la connaissance, on a ici la suspension de l’activité individuelle isolée de la volonté.

Une telle idée ne saurait avoir une origine empirique. Elle ne saurait non plus trouver sa confirmation dans l’expérience qui aurait su, s’il en était ainsi, la maintenir en tous temps, dans tous les pays. L’expérience, dans la plupart des cas, devrait lui être opposée. Je suis par suite d’avis que l’origine de cette pensée, si générale dans l’humanité, indéracinable en dépit de tant d’expériences opposées et du sens commun, doit être cherchée dans le sentiment intérieur de la toute-puissance de la volonté en elle-même, cette volonté qui fait l’essence intime de l’homme et de toute la nature, et dans la supposition qui s’y rattache qu’il se pourrait bien que cette toute-puissance fût mise en jeu de quelque manière par l’individu lui-même. On n’était pas capable de rechercher et de bien voir en particulier ce qui pouvait revenir à cette volonté considérée comme chose en soi, et ce