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MÉMOIRES SUR LES SCIENCES OCCULTES

c’est toujours finalement un acte de la volonté, qu’on lui attache. L’occasion naturelle de tout cela, c’était le sentiment qu’en ce qui concerne les mouvements propres du corps on avait à tout instant conscience d’une action de la volonté tout à fait inexplicable, donc manifestement métaphysique. Pourquoi, se disait-on, cette action ne pourrait-elle pas s’étendre aussi sur d’autres corps ? Trouver le moyen de faire cesser cet isolement de la volonté, qui existe pour tout individu, agrandir cette sphère d’action immédiate de la volonté, de manière à la faire dépasser le corps propre de l’individu voulant, voilà la tâche de la magie.

Il s’en faut cependant beaucoup que cette pensée fondamentale, dont paraît être née proprement la magie, ait été aussitôt clairement connue, qu’on en ait reconnu le caractère abstrait, in abstracto, et que la magie ait ainsi pris pleine connaissance d’elle-même. Ce n’est, dans les siècles passés, que chez quelques penseurs et savants que nous trouvons, comme je le montrerai bientôt par des citations, nettement exprimée la pensée que c’est dans la Volonté même que gît le pouvoir magique, et que les signes et les actes extraordinaires, tout comme les mots sans significa-