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L’ŒUVRE DES CONTEURS ALLEMANDS


déjà vue dans un livre français. Une magnifique féminité posée sur un autel ; des deux côtés, une haie masculine et, au fond, ainsi qu’un bonnet de grenadier, des cheveux de femme. Les cartes étaient signées par la comtesse Julie A… et L… R… (Luft Resithérèse), le nom d’une des plus célèbres propriétaires de b..... de Budapest, qui, ainsi que je l’appris, était protégée par M. de T…

Anna me dit qu’il y aurait un bal masqué. Les dames en domino n’auraient pas d’autres habits. On s’appliquait à découvrir certaines parties. Un costume pittoresque en augmentait les charmes. Bref, elle me fit un si beau tableau de la fête que je ne regrettai plus rien. Je me mis tout de suite à la confection d’un masque de caractère. Personne ne devait savoir que ce masque était le mien. Mme de B… avait à peu près la même taille que moi. Je lui dis donc de faire faire mon costume sur ses mesures.

Un soir, Anna vint me dire d’aller visiter le b..... où le carnaval devait avoir lieu. Elle voulait me procurer des habits d’homme ; personne ne pourrait me reconnaître. Je passerais pour un jeune étudiant. Elle savait si bien parler que je cédai encore une fois. Je fus bientôt métamorphosée en jeune homme ; mes cheveux étaient si adroitement cachés que l’on ne pouvait pas reconnaître leur longueur. Comme j’avais tenu plusieurs rôles de page dans les opéras, particulièrement dans les Huguenots et dans la Nuit de bal, d’Auber, mes mouvements et mes gestes n’étaient pas empruntés.