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L’ŒUVRE DES CONTEURS ALLEMANDS


le lui permettre, prendre un rafraîchissement ; sur quoi, la dame qui était costumée en Vénus nous mena au buffet, dans la salle du banquet, où la table n’était pas encore dressée.

— Est-ce qu’il n’y a pas un cabinet sombre où ma Titania (c’est ainsi qu’il me nommait, princesse des elfes, à cause de mon costume) pourrait se reposer un instant ?

— Rési Luft doit en avoir plusieurs, répondit Vénus. Je vais lui dire d’en ouvrir un.

Elle s’éloigna et revint bientôt, accompagnée de l’hôtesse. À sa vue, nous éclatâmes de rire. Rési Luft avait suivi notre exemple elle était vêtue en Tyrolienne. Elle était vieille, grosse, grasse, le portrait de cette reine des îles du Sud, de la célèbre Nomahanna, si cette horrible reine sauvage avait porté le costume du Tyrol. Mais c’était encore appétissant, et je compris qu’il se trouvât des hommes pour goûter à ces charmes et s’engloutir dans cette mer de chairs.

Elle nous ouvrit un cabinet, près de la salle de danse. Par la porte ouverte, je pouvais suivre la voluptueuse bacchanale. Quelques couples dansaient encore ; les autres préféraient une occupation plus sérieuse. Nous entendions le murmure des voix, le bruit des baisers, le halètement des hommes et les soupirs voluptueux des femmes. Ce spectacle m’excitait. J’étais assise sur les genoux de mon amant, un bras autour de son cou. Je sentais cependant que Ferry avait envie de se mêler encore à la danse.