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L’ŒUVRE DES CONTEURS ALLEMANDS


entrâmes dans la salle. L’orgie atteignait son apogée. On ne voyait que des groupes voluptueux, dans toutes les poses imaginables, de deux, trois, quatre, cinq personnes.

Trois groupes étaient particulièrement compliqués. L’un était composé d’un monsieur et de six dames, qui chantaient des chansons montagnardes en se tenant par la main. Ils paraissaient extrêmement gais et se tenaient accroupis sur le sol, où l’on avait posé des flûtes de champagne qui pétillaient, et, entre chaque chant, les chanteurs sablaient un verre ou deux, ce qui ne devait pas tarder à les jeter dans l’ivresse la plus complète.

L’autre groupe se composait de Vénus, étendue près d’un monsieur qui jouait des castagnettes, tandis qu’un autre jouait du tambourin de façon continue. Dans les deux mains, elle tenait des clochettes et les secouait, tandis qu’une sorte de géant de Rhodes, appuyé sur deux chaises, roulait du tambour de la façon la plus bruyante, comme s’il avait dirigé la marche d’une armée.

En même temps, ils poussaient des hurlements de Zoulous. C’était le plus beau groupe.

Le troisième groupe se composait de deux dames et d’un monsieur. Une dame était couchée sur le dos, l’autre tenait au-dessus d’elle une grosse caisse sur laquelle la première cognait de toutes ses forces en criant et en faisant des grimaces. Le monsieur, taillé en hercule, dominait en jouant de l’harmonica, dont le son harmonieux et cristallin parvenait à n’être pas