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MÉMOIRES D’UNE CHANTEUSE ALLEMANDE


J’enroulais les boucles de ses cheveux, et quand elle parlait plus passionnément, je pressais son front brûlant et écartais amoureusement les mèches qui tombaient presque jusqu’à ses yeux. Je voulais lui faire comprendre que mon éducation n’était pas complète sans la pratique. Elle me racontait comment elle s’était abandonnée pour la première fois à ce jeune homme qui l’avait rendue mère. Elle voulait me faire comprendre la sensation divine que cause l’amour partagé. Elle me parlait de l’extase, de l’effusion réciproque et plénière ; toutes ces belles choses la rendaient éloquente. Sa petite bouche se gonflait et s’entr’ouvrait, découvrant ses dents blanches et bien rangées. L’instant était venu de lui rappeler encore plus vivement ces choses. Et comme elle disait : « Il faut avoir goûté personnellement ces choses pour les comprendre », je lui fermai la bouche avec ma main grande ouverte, si bien qu’elle poussa un grand soupir et se tut immédiatement. Je caressais fiévreusement le front élégant qui résistait à ma main, quand je m’arrêtai tout à coup et lui dis : « Si vous voulez que je continue, vous devez me procurer un avant-goût de ce qui m’attend et de ce que vous m’avez si délicieusement décrit ! » Aussitôt, elle me caressa gentiment comme je faisais, et je vis à la chaleur de ses baisers que ma proposition lui faisait le plus vif plaisir. Elle ôta ma main de sa bouche et m’embrassa avec toutes sortes de câlineries, de chatteries qui tenaient à la fois de la sœur et de l’amie, et que je ne savais pas bien lui rendre, car