que les filles ne goûtent habituellement sans danger.
Cela l’avait gâtée. Son corps avait besoin de certaines
choses. Le beau corps du jeune comte lui manquait
et aussi les caresses intimes de la baronne. Durant
tous les premiers mois, ses nuits furent très agitées
et ses rêves fort troublés. L’effet de sa main était
mince et elle ne trouvait pas l’occasion de faire une
connaissance sûre. Elle voulait bien se donner, mais
à la condition de n’avoir rien à craindre. Et elle
n’osait pas proposer à un autre homme ce qu’elle
avait proposé au comte dans des circonstances particulières.
Une jeune fille n’avoue jamais la connaissance
de ces choses, cela la diminuerait aux yeux des
hommes. Elle passa donc une année bien solitaire au
milieu de ses livres et de ses atlas. Quelque chose
s’était éveillé en elle qu’elle ne pouvait assouvir et
qui éclatait tyranniquement la nuit, dans des rêves
voluptueux. Enfin, dans un établissement de bains,
elle rencontra une jeune fille avec qui elle eut bientôt
des relations aussi intimes qu’avec la baronne. Toutes
sortes de jeux, des conversations curieuses, l’enseignement
des choses défendues et des expériences
osées leur procurèrent des jouissances bien vives. Elles
mêlèrent bientôt d’autres compagnes à leurs ébats.
Chacune faisait semblant d’ignorer tout, chacune se
laissait apprendre ce qu’elles avaient déjà toutes pratiqué
en cachette. Marguerite était insatiable. Ces
rendez-vous secrets, ces amusements clandestins
aiguillonnaient son désir. Un jour, elle rencontra le
frère d’une de ses nouvelles amies, un jeune homme
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L’ŒUVRE DES CONTEURS ALLEMANDS