Page:Schwaeblé - Voulez-vous demeurer belles et jeunes.djvu/10

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 8 —

Celles qui ne sont pas encore aimées n’ont donc qu’à montrer ce qu’elles ont de beau. Les femmes turques qui ont les yeux très beaux, ne montrent que les yeux ; les Espagnoles montrent leurs pieds ; les Italiennes leur chevelure. À la vérité, les Parisiennes sont — ou doivent être — tout à fait belles, car en ce moment, elles montrent beaucoup leurs jambes, leurs bras, leur nuque, leur dos ! Mais j’ai confiance en vous ! vous saurez faire valoir ce que vous avez de joli, point n’est besoin de le vous recommander.

Et puis, ne désespérez jamais : si l’un n’aime pas vos yeux, l’autre les trouvera adorables. Il en faut pour fous les goûts. Celui-ci court après les blondes, celui-là après les brunes. Un homme grand prendra volontiers femme petite, et un homme petit tombera en extase devant une femme grande. Regardez autour de vous : vous voyez bien une personne que vous jugez épouvantablement laide ; or, il se trouve — ou il s’est trouvé, ou il se trouvera — quelqu’un qui l’aime et la juge adorablement belle. Louis XIV, qui se connaissait en femmes, s’amouracha de la Vallière qui boitait fort désagréablement, Louis XV de ta grossière du Bary qui savait à peine lire. Et, sans aller si loin, en considérant simplement le présent, il faut reconnaître que parmi nos courtisanes, ce ne sont pas les plus jolies qui réussissent le mieux. Ni lies plus, intelligentes. Alors ? demanderez-vous. Eh ! je n’en sais rien ! Les hommes sont si bêtes… Je ne vois qu’une explication — toujours la même, — c’est que l’amour est aveugle.

Il y a peut-être aussi certaines affinités, certaines attractions magnétiques qui s’exercent à notre insu et nous mènent comme des pantins, peut-être courons-nous à la recherche de notre complémentaire ; et, quand nous l’aurions trouvé, rien ne pourrait nous en arracher. X… est fait de telle manière qu’il ne peut aimer qu’une femme faite d’une certaine façon, possédant telle qualité ou tel défaut ; la plus belle femme du monde ne lui dit rien, il lui faut une femme laide mais possédant le don qui l’attirera. Chacun de nous a « un type », dont il rêve plus ou moins, qu’il cherche plus ou moins, soit que ce type lui rappelle une femme ou un homme déjà vu, soit qu’il soit un produit de l’imagination, soit qu’il soit une entité répondant réellement à un besoin physique. Nous, nous trouvons les négresses laides, et les blanches jolies ; les nègres trouvent les négresses jolies et les blanches laides. Et, de même que nous trouvons que les négresses ont une odeur plutôt désagréable, les nègres trouvent que les blanches ont une