Page:Schwob - Cœur double, Ollendorff, 1891.djvu/156

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L’Homme gras


Assis dans un fauteuil de cuir souple, l’homme gras examinait sa chambre avec joie. Il était vraiment gras, ayant au cou un épais collier, la poitrine bardée, le ventre couvert ; ses bras semblaient noués aux articulations comme des saucisses et ses mains se posaient sur ses genoux comme de grosses cailles plumées, rondes et blanches. Ses pieds étaient des miracles de pesanteur, ses jambes des fûts de colonne et ses cuisses des chapiteaux de chair. Il avait la peau luisante et grenue comme de la couenne ; ses yeux bouffaient de graisse et son quadruple menton étayait solidement sa face débordante.

Et tout, autour de lui, était solide, rond et gras ; la table de chêne massif, aux larges pieds, fortement