Page:Schwob - Cœur double, Ollendorff, 1891.djvu/174

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Le Dom


Sachuli, le fou d’un Maharajah qui vivait sous le règne de Vikrâmaditja, lui dit un jour : « Maître, comment considères-tu la vie ?

— Quelle question me fais-tu ? répondit le Rajah. La vie est un don des dieux ; il ne nous appartient pas de l’apprécier. Ils nous la distribuent et la retirent à leur gré ; chacun est content de la sienne ; et je loue les divinités de me permettre de vivre pour faire le bien.

— Penses-tu que chaque homme, même de la caste la plus basse, puisse être satisfait de la vie et accomplir le bien ? dit le fou.

— Certes, reprit le Maharajah, s’il est pieux et reconnaissant envers les dieux.

— Fort bien, répondit Sachuli, tu es l’incarnation des sept vertus. »