Page:Schwob - La Lampe de Psyché, 1906.djvu/114

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Très-Haut, de qui relèvent toutes choses créées. Mer consacrée, qu’as-tu fait de nos enfants ? Lève vers Lui ton visage céruléen ; tends vers Lui tes doigts frissonnants de bulles ; agite ton innombrable rire pourpré ; fais parler ton murmure, et rends-Lui compte.

Muette par toutes tes bouches blanches qui viennent expirer à mes pieds sur la grève, tu ne dis rien. Il y a dans mon palais de Rome une antique cellule dédorée, que l’âge a faite candide comme une aube. Le pontife Innocent avait coutume de s’y retirer. On prétend qu’il y médita longtemps sur les enfants et sur leur foi, et qu’il demanda au Seigneur un signe. Ici, du haut de ce trône de rochers, parmi l’air libre, je déclare que ce pontife Innocent avait lui-même une foi d’enfant, et qu’il secoua vainement ses cheveux lassés. Je suis beaucoup plus vieux qu’Innocent ; je suis le plus vieux de tous les vicaires que le Seigneur a placés ici-bas, et je commence seulement à comprendre. Dieu ne se manifeste point. Est-ce qu’il assista son fils au jardin des Oliviers ? Ne l’abandonna-t-il pas dans son angoisse suprême ? O folie puérile que d’in-