Page:Schwob - La Lampe de Psyché, 1906.djvu/164

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Et Monelle dit encore :

Parce que je suis seule, tu me donneras le nom de Monelle. Mais tu songeras que j’ai tous les autres noms.

Et je suis celle-ci et celle-là, et celle qui n’a pas de nom.

Et je te conduirai parmi mes sœurs, qui sont moi-même, et semblables à des prostituées sans intelligence ;

Et tu les verras tourmentées d’égoïsme et de volupté et de cruauté et d’orgueil et de patience et de pitié, ne s’étant point encore trouvées ;

Et tu les verras aller se chercher au loin ;

Et tu me trouveras toi-même et je me trouverai moi-même ; et tu me perdras et je me perdrai.

Car je suis celle qui est perdue sitôt trouvée.


Et Monelle dit encore :

En ce jour une petite femme te touchera de la main et s’enfuira ;

Parce que toutes choses sont fugitives ; mais Monelle est la plus fugitive.

Et, avant que tu me retrouves, je t’enseigne-