Page:Schwob - La Lampe de Psyché, 1906.djvu/195

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chêne. Un frottement continu lui chatouillait la peau, tandis qu’elle regardait, un peu penchée, la campagne plate. Le tertre du moulin s’y arrondissait comme une tête rasée. Les ailes tournantes frôlaient presque l’herbe courte où leurs images noires se poursuivaient sans jamais s’atteindre. Tant d’ânes semblaient avoir gratté leurs dos au ventre du mur faiblement cimenté que le crépi laissait voir les taches grises des pierres. Au bas du monticule, un sentier, creusé d’ornières desséchées, s’inclinait jusque vers le large étang où se trempaient des feuilles rouges.

— Madge, on s’en va ! cria encore la voix.

— Eh bien, allez-vous en, dit Madge tout bas.

La petite porte du moulin grinça. Elle vit trembler les deux oreilles de l’âne qui tâtait l’herbe du sabot, avec précaution. Un gros sac était affaissé sur son bât. Le vieux meunier et son garçon piquaient le derrière de l’animal. Ils descendirent tous par le chemin creux. Madge resta seule, sa tête passée dans la lucarne.

Comme ses parents l’avaient trouvée un soir,