Page:Schwob - La Lampe de Psyché, 1906.djvu/205

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Mahot s’arrêta de mâcher sa liche. L’Indien posa le cruchon pour rire.

— Voyez donc — la barge ! dit Mahot. Mademoiselle Bargette ! Et ton écluse ? On verra ça demain matin. Le papa ne serait pas content.

— On se fait donc vieux dans le patelin ? demanda l’Indien.

La petite voix ne dit plus rien, et la mince figure pâle rentra dans la cabane.


La nuit ferma les murailles du canal. L’eau verte monta le long des portes d’écluse. On ne voyait plus que la lueur d’une chandelle derrière les rideaux rouges et blancs, dans la maisonnette. Il y eut des clapotis réguliers contre la quille, et la barge se balançait en s’élevant. Un peu avant l’aube, les gonds grincèrent avec un roulement de chaîne et, l’écluse s’ouvrant, le bateau flotta plus loin, traîné par le petit remorqueur au souffle épuisé. Comme les vitres rondes reflétaient les premières nuées rouges, la barge avait quitté cette campagne morne, où le vent froid souffle sur les orties.

L’Indien et Mahot furent réveillés par le