Page:Schwob - La Lampe de Psyché, 1906.djvu/23

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haute voix dans le marché, en commandant : « Silence ? »

β. Je n’ai pas entendu le « silence ».

α. Tu railles, coquine, les ordres de la cité. – Cette femme aspire à la tyrannie. Dépouillez-la, que je voie si elle ne cache pas un Pisistrate. – Ah ! ah ! tu étais femme tout à l’heure. Voyez donc, voyez donc. Assurément voilà une marchande d’une espèce nouvelle. Est-ce que les poissons te préféraient ainsi, ou bien les acheteurs ? – Laissez ce jeune homme tout nu : les héliastes jugeront s’il doit être puni pour vendre à l’étal des poissons interdits, habillé en femme.

β. O sycophante, prends pitié de moi et écoute. J’aime à la mort une jeune fille qui est gardée par le marchand d’esclaves des Longs Murs. Il veut la vendre douze mines, et mon père refuse l’argent. J’ai trop rôdé autour de la maison, et on l’enferme pour m’empêcher de la voir. Tout à l’heure elle viendra au marché avec ses amies et son patron. Je me suis ainsi déguisé pour pouvoir lui parler ; et, afin d’attirer son attention, je vends des lamproies.