Page:Schwob - La Lampe de Psyché, 1906.djvu/255

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dosiane était vêtue de vert, non de rouge, et qu’il lui faudrait passer sur un chemin de trois couleurs. Ainsi elle connut le mensonge des méchants. Cependant, elle marcha bien longtemps. Certes, elle passa l’été de sa vie, trottant par la poussière blanche, pataugeant par l’épaisse boue des ornières, accompagnée par les chariots des routiers, et, parfois, le soir, quand le ciel avait une splendide nuance rouge, suivie par les grands chars où s’entassaient des gerbes et où quelques faux luisantes se balançaient. Mais personne ne put lui parler de la reine Mandosiane.

Afin de ne pas oublier un nom si difficile, elle avait fait trois nœuds à sa jarretière. Par un midi, étant allée loin vers le soleil qui se lève, elle entra dans une route jaune sinueuse, qui bordait un canal bleu. Et le canal fléchissait avec la route et entre les deux un talus vert suivait leurs contours. Des bouquets d’arbrisseaux croissaient de part et d’autre ; et aussi loin que l’œil pouvait atteindre, on ne voyait que des marécages et l’ombre verdoyante. Parmi les taches des marais s’élevaient de petites huttes