Page:Schwob - La Lampe de Psyché, 1906.djvu/92

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vieil homme joint simplement ses mains. Et aussi, je suis troublé en ce qui touche ton sépulcre. Il est toujours entouré par des infidèles. On n’a point su le leur reprendre. Personne n’a dirigé ta croix vers la Terre-Sainte ; mais nous sommes plongés dans la torpeur. Les chevaliers ont déposé leurs armes et les rois ne savent plus commander. Et moi, Seigneur, je m’accuse et je frappe ma poitrine : je suis trop faible et trop vieux.

Maintenant, Seigneur, écoute ce chuchotement chevrotant qui monte hors de cette petite cellule de ma basilique et conseille-moi. Mes serviteurs m’ont apporté d’étranges nouvelles depuis les pays de Flandres et d’Allemagne jusqu’aux villes de Marseille et de Gênes. Des sectes ignorées vont naître. On a vu courir par les cités des femmes nues qui ne parlaient point. Ces muettes impudiques désignaient le ciel. Plusieurs fous ont prêché la ruine sur les places. Les ermites et les clercs errants sont pleins de rumeurs. Et je ne sais par quel sortilège plus de sept mille enfants ont été attirés hors des maisons. Ils sont sept mille sur la route portant la croix et le bourdon. Ils n’ont point à manger ; ils n’ont point