Page:Schwob - Mœurs des diurnales, 1903.djvu/158

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toire de la belle Ferronnière, et ainsi de suite. C’est une douce fantaisie d’érudit qui ne nuirait à personne, mais inutile, sans doute, puisque vous prenez soin de rappeler les mêmes choses quand l’occasion s’en présente. Toutefois, il ne faut pas surmener la mémoire des lecteurs, ni trop charger la vôtre. La mode vous aidera souvent à guider les connaissances de ceux qui vous lisent, sans en avoir l’air. Au siècle dernier, les écrivains romantiques avaient mené la curiosité vers le moyen âge ; heureusement nous n’en sommes plus là, et votre tâche est devenue plus aisée. C’est le dix-huitième siècle qui intéresse principalement les esprits : plus léger, plus accommodant, plus sceptique, et qui va du badinage libertin à l’épopée de l’énergie, de Louis XV à Napoléon. Voilà ce qu’il nous faut. Attachez-vous donc à rapporter à cette époque toutes les allusions que vous pourriez faire à l’histoire : qu’il s’agisse d’un meuble, d’une jolie femme, d’un livre, d’un acteur ou d’un scandale, vous n’entendrez dire autour de vous sinon : « bien dix-huitième ! tout à fait dix-huitième ! c’est presque du dix-huitième ! »