Page:Schwob - Mœurs des diurnales, 1903.djvu/36

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Au concours d’agrégation, il faillit éreinter Horatius Flaccus sous le nom de Valerius Flaccus. Comme il était encore jeune, un scrupule lui vint. « Ah ça mais, dit-il à son voisin, est-ce que tu connais cet homme-là, toi ? » Il ne sut pas réparer cette innocente erreur, et fut refusé. Son échec « lui coûta près de quarante sous ».

On le nomma professeur à Chaumont, où il eut un livre de blanchisseuse, apprit à allumer son feu et sa lampe et à coudre ses boutons. Après beaucoup d’efforts il apprit aussi à faire un nœud de cravate. Une dame avait ce bien passé deux heures à « lui seriner son nœud ». La vie était « bonne dans ce pays, mais moins bonne qu’il ne l’avait cru ». Il devait interrompre sa correspondance « pour aller faire un tour à la cuisine ». Il logeait chez M. Brocard, charcutier. « Si ma lettre, dit-il, sent la vieille viande, ce n’est pas moi, c’est mon propriétaire qui en a toujours les doigts pleins. » Il passait presque tout son temps à « bayer aux grues ».

En 1851, prenant part au Plébiscite, il mit « dans l’urne, qui est une belle boîte en sapin, le non le mieux articulé qui se puisse voir ». On lui ferma, pour le punir, « un innocent bouchon où il allait