Page:Schwob - Mœurs des diurnales, 1903.djvu/82

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que diable ! Sommes-nous au dix-neuvième siècle, oui ou non ? Eh bien, alors ?



Je me souviens, dit le spadassin Cervelas, que l’an cinquante-deux, un peu après le 2 décembre, nous vivions d’ordinaire dans la cave, à cause des balles perdues et des ratapoil. Le comte de Mouillegroin (que tu as vaguement connu, je crois, mon vieux Poisson), nous avait permis, en vrai gentilhomme, d’occuper ses communs de la rue de Verneuil : j’étais de son cercle. Il fallait vivoter rive gauche, hélas ! Et pas le moindre bout de carton ; pas de bac : ni bûches, ni fleurets, ni pistolets. C’était tout simplement mortel. Enfin, je me décide, par un froid de canard, à affronter les blouses blanches sur les grands boulevards, pour l’Officiel et savoir sous quel gouvernement nous étions. Je rase les murs. Des hommes à grandes barbiches noires me marchaient sur les pieds. Je me contiens. Un colosse moustachu me défonce le ventre de son coude. Je passe sur l’autre trottoir. Voici que je reçois un grand coup de pied au derrière. Je n’ai garde de me retourner :