Page:Schwob - Vies imaginaires, 1896.djvu/210

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Elle reprit :

— Vous n’avez pas craint de venir au pays de mon père, et vous l’avez effrayé, lui et tous ses gens, — excepté moi : craindrez-vous donc qu’ici je ne vous appelle mon père ? Je vous dirai mon père et vous me direz mon enfant, et je serai pour toujours de la même patrie que vous… Ils m’avaient dit là-bas que vous étiez mort…

Et elle confia tout bas à John Smith que son nom était Matoaka. Les Indiens, craignant qu’on s’emparât d’elle par maléfice, avaient donné aux étrangers le faux nom de Pocahontas.

John Smith partit pour la Virginie et ne revit jamais Matoaka. Elle tomba malade à Gravesend, au début de l’année suivante, pâlit et mourut. Elle n’avait pas vingt-trois ans.

Son portrait est entouré de cet exergue : Matoaka alias Rebecca filia potentissimi