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Page:Scientia extract from the march-april may-june 1973 issue (Le savant hors de sa tour d’ivoire).djvu/10

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vers la relativité toute proche, que dans ses répercussions d'ordre philosophique.

Paul Langevin rappelle l'ensemble des faits expérimentaux et théoriques par lesquels se trouvait alors, d'une part défini l'éther, ce milieu homogène et vide de matière dont l'état résultait de la connaissance en chaque point des champs électrique et magnétique, d'autre part solidement établie l'existence de l'électron, partie la plus mobile de la matière, région singulière de l'éther, entouré de son champ électrique. Par le mouvement de l'électron, les champs électrique et magnétique s'engendrent mutuellement et, conformément aux lois établies par Hertz et par Maxwell, se propagent dans l'éther à la vitesse de la lumière. Etudiant comment varie le sillage électromagnétique qui accompagne la particule électrisée en mouvement lorsqu'on lui communique une accélération, il retrouve par un raisonnement très simple un résultat remarquable qui avait été signalé par Joseph John Thomson : la modification du sillage correspond à une inertie électromagnétique liée à l'électrisation de la particule et proportionnelle au carré de sa charge. Puis, par un procédé de calcul hamiltonien, il montre que pour une vacuole sphérique chargée en surface, cette inertie varie avec la vitesse v suivant une loi qui dépend de la modification apportée à la forme de la particule par la variation de v : il retrouve ainsi la contraction de Lorentz. Etudiant ensuite au moyen du potentiel retardé de Lorentz la distribution des champs à une distance donnée d'une particule soumise à une accélération, il décompose ces champs en onde de vitesse rapidement décroissante quand la vitesse augmente, et onde d'accélération décroissant comme l'inverse de la distance. A grande distance, cette dernière subsiste donc seule, et constitue le rayonnement émis par la particule. Ainsi, radiation implique accélération, et l'onde rayonnée représente une énergie supplémentaire à celle qu'il a fallu fournir pour accroître l'énergie cinétique — et d'ailleurs très faible par rapport à celle-ci. Avec le problème inverse, celui de la dynamique des électrons, Paul Langevin aborde le coeur des difficultés rencontrées au sujet très controversé des relations entre l'éther et la matière. Analysant les multiples essais jusqu'alors tentés pour représenter les phénomènes de l'optique et de l'électromagnétisme à partir des notions mécaniques de masse et de force, il montre que ces tentatives conduisent nécessairement à des contradictions insolubles. Avec une grande hardiesse, il avance donc l'affirmation que, dans ce domaine, notre mode de penser est inadéquat: il faudra renoncer à envisager le système éther — matière comme un système mécanique, à penser l'éther en matière. Et c'est sur cette affirmation renouvelée avec vigueur qu'il concluera ce magistral exposé:

"Déjà toute l'optique, non seulement de l'éther, mais aussi de la matière, source et récepteur des ondes lumineuses, reçoit une interprétation