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IVANHOÉ.

rançon bien modique. Dis-nous les noms de ceux qui ont payé cet or ?

Gurth obéit.

— Le cheval et l’armure du templier Brian de Bois-Guilbert, à quel prix ont-ils été estimés ?… Tu vois que tu ne peux me tromper ?

— Mon maître, reprit Gurth, ne veut rien prendre au templier, si ce n’est sa vie. Ils se sont défiés mortellement et ne peuvent faire échange de courtoisie.

— En vérité ! répliqua le voleur.

Et il hésita après avoir prononcé cette parole.

— Et que faisais-tu tout à l’heure à Ashby avec ce dépôt confié à tes soins ?

— Je suis allé pour rendre à Isaac, le juif d’York, répliqua Gurth, le prix d’une armure qu’il avait fournie à mon maître pour ce tournoi.

— Et combien as-tu payé à Isaac ? Il me semble, à en juger par le poids, qu’il y a bien deux cents sequins dans ce sac.

— J’ai payé à Isaac, dit le Saxon, quatre-vingts sequins, et il m’en a rendu cent pour les remplacer.

— Comment ? que dis-tu ? s’écrièrent tous les bandits à la fois. Oserais-tu te moquer de nous en nous racontant des contes aussi peu vraisemblables ?

— Ce que je vous dis, reprit Gurth, est aussi vrai que nous voyons la clarté de la lune au ciel. Vous trouverez la somme juste dans une bourse de soie dans le sac de cuir, et séparée de celle de l’or.

— Rappelle-toi, mon brave, que c’est d’un juif que tu parles, dit le capitaine, d’un israélite aussi peu habitué à restituer l’or que l’est le sable aride du désert à rendre la coupe d’eau que le pèlerin y répand.

— Il n’y a pas plus de pitié chez lui, dit un autre brigand, que chez un recors qu’on n’a pas remboursé.

— C’est cependant ainsi, répondit Gurth.

— Qu’on me procure de la lumière à l’instant, dit le capitaine. Il faut que j’examine cette bourse dont il parle, et,