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IVANHOÉ.

chevalier courtois. Je délivre la belle infortunée en pleurs des mains de ses ravisseurs, je la reconduis au château de Front-de-Bœuf, ou même en Normandie, si cela est nécessaire, et elle ne reverra ses parents que lorsqu’elle sera la fiancée ou la femme de Maurice de Bracy.

— Voilà un plan merveilleusement sage, dit Fitzurze, et, comme je le pense, il n’est pas entièrement de ton invention. Allons, sois franc, de Bracy : qui t’a aidé dans cette fourberie, et qui doit te seconder dans son exécution ? car, à ce que je sais, ta troupe est campée au loin, à York.

— Par Marie ! s’il faut que tu l’apprennes, dit de Bracy, c’est le templier Brian de Bois-Guilbert qui a combiné ce projet, que l’aventure des hommes de Benjamin m’avait suggéré. Il doit m’aider dans l’attaque, et c’est lui et ses serviteurs qui personnifieront les bandits dont mon bras valeureux, après avoir changé d’habits, doit délivrer la dame.

— Par le Ciel ! s’écria Fitzurze, ce plan est digne de votre sagesse à tous deux, et la prudence, de Bracy, se manifeste spécialement dans ton projet de laisser la dame entre les mains de ton digne allié. Tu pourras, je le pense, réussir à l’enlever à tes amis saxons ; mais ce qui me semble bien plus douteux, c’est de savoir comment tu t’y prendras pour l’arracher aux griffes de Bois-Guilbert.

— C’est un templier, dit de Bracy, il ne peut donc pas devenir mon rival pour épouser cette héritière, et vouloir tenter quelque chose de déshonorant contre la fiancée future de de Bracy. Par le Ciel ! quand il serait tout un chapitre de son ordre à lui seul, il n’oserait me faire une telle injure.

— Puisque tout ce que je puis te dire, reprit Fitzurze, ne peut chasser cette folie de ton imagination (car je connais bien l’opiniâtreté de ton caractère), au moins ne perds que le moins de temps possible. Que ta folie, qui est déjà malencontreuse, ne soit pas encore trop durable.