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IVANHOÉ.

hasard derrière lui. Ayant réussi cette fois, Cédric poussa son cheval sur un second, en tirant son épée ; puis frappa avec une fureur si irréfléchie, que, son arme rencontrant une forte branche qui pendait au-dessus de sa tête, il se trouva désarmé par la force de son propre coup.

Il fut sur-le-champ fait prisonnier et arraché de son cheval par deux ou trois bandits qui fondirent sur lui ; Athelsthane partagea sa captivité, son cheval ayant été saisi par la bride, et lui-même démonté bien avant qu’il pût tirer son épée et se mettre en état de défense.

Les serviteurs, embarrassés dans les bagages, surpris et terrifiés par le sort de leurs maîtres, devinrent une proie facile pour les assaillants, tandis que lady Rowena, au centre, le juif et sa fille, à la queue de la cavalcade, subirent le même sort.

De toute la suite, personne n’échappa, excepté Wamba, qui montra en cette occasion beaucoup plus de courage que ceux qui se piquaient de plus d’esprit. Il s’empara d’une épée appartenant à l’un des domestiques, qui allait la tirer d’une main irrésolue, en frappa de tous côtés comme un lion, repoussa plusieurs ennemis qui s’approchaient de lui, et fit un effort courageux, quoique inutile, pour secourir son maître.

Se trouvant accablé, le bouffon, à la fin, se jeta à bas de son cheval, s’enfonça dans le taillis, et, à la faveur de la confusion générale, s’éloigna du théâtre du combat.

Cependant le vaillant bouffon, dès qu’il se vit en sûreté, se demanda plus d’une fois s’il ne devait pas revenir et partager la captivité d’un maître à qui il était sincèrement attaché.

— J’ai entendu des hommes parler du bonheur d’être libre, se dit-il en lui-même ; mais je voudrais que quelque sage vînt m’apprendre comment employer ma liberté, maintenant que je l’ai acquise.

Il prononçait ces mots tout haut ; une voix très rapprochée de lui répondit d’un ton bas et mystérieux :