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IVANHOÉ.

et la négligence et la vétusté avaient endommagé le petit nombre d’ornements dont son goût l’avait embellie. La tapisserie pendait le long des murs en beaucoup d’endroits, tandis que, dans d’autres, elle était ternie et flétrie par les rayons du soleil, ou déchirée et fanée par le temps.

Cependant, si délabré qu’il fût, c’était l’appartement du château qu’on avait jugé le plus digne de recevoir l’héritière saxonne, et on la laissa y méditer sur son sort jusqu’à ce que les acteurs de ce drame criminel se fussent distribué les différents rôles que chacun d’eux y devait remplir. Cette distribution avait été réglée dans un conseil tenu par Front-de-Bœuf, de Bracy et le templier, où, après une longue et vive discussion relative aux différents avantages que chacun voulait se ménager pour sa part individuelle dans cette entreprise audacieuse, ils avaient enfin fixé le sort de leurs malheureux prisonniers.

Ce fut donc vers l’heure de midi que de Bracy, au profit duquel on avait d’abord organisé l’expédition, se présenta, pour poursuivre ses desseins sur la main et la fortune de lady Rowena.

Tout le temps n’avait pas été entièrement consacré à tenir ce conseil entre les complices ; car de Bracy avait trouvé assez de loisir pour se parer avec toute la mignardise de cette époque.

Il s’était défait de son pourpoint vert et de son masque. Ses cheveux longs et abondants avaient été dressés à tomber en boucles élégantes sur un manteau garni de riches fourrures. Sa barbe était fraîchement rasée. Son habit descendait jusqu’à mi-jambe, et la ceinture qui le ceignait, et qui, en même temps, supportait sa lourde épée, était brodée en relief avec des ornements d’or. Nous avons déjà parlé de la mode excentrique des souliers de cette époque ; les pointes de ceux que portait Maurice de Bracy auraient pu concourir pour le prix de l’extravagance avec les plus bizarres, car elles étaient tournées et entortillées comme les cornes d’un bélier. Tel était l’ajustement d’un petit-maître