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IVANHOÉ.

ministère, et jamais bonne action n’aura été plus profitable à votre couvent.

— Ma fille, répondit Cédric très embarrassé, le peu de temps qui me reste à passer dans ce château ne me permet pas d’y exercer les devoirs de mon office. Il faut que je sorte immédiatement ; la vie ou la mort d’un chrétien dépend de ma promptitude.

— Permettez-moi cependant, mon père répliqua la suppliante, de vous conjurer de ne pas laisser sans conseil et sans secours un malheureux qu’on opprime et dont la vie est en danger.

— Que le démon m’emporte et me laisse en Ifrin avec les âmes d’Odin et de Thor ! répondit Cédric impatienté.

Il allait probablement oublier tout à fait le caractère religieux dont il était revêtu, lorsque la conversation fut interrompue par la voix rauque d’Urfried, la vieille sorcière de la tourelle.

— Comment ! ingrate, cria-t-elle à la solliciteuse, c’est donc ainsi que tu reconnais la bonté que j’ai eue en te faisant sortir de la prison ! Tu obliges un révérend frère à se servir de paroles empreintes de colère pour se soustraire aux importunités d’une juive !

— Une juive ! s’écria Cédric profitant de cet incident pour s’éloigner. Laisse-moi passer, femme !… Ne m’arrête pas, si tu tiens à la vie… Je ne veux pas être souillé par un contact indigne, au moment même où je viens d’officier.

— Viens par ici, mon père, dit la vieille furie ; tu ne connais pas ce château, et tu ne peux le quitter sans le secours d’un guide. Viens ici, car j’ai à te parler. Et toi, fille d’une race maudite, remonte dans la chambre du malade, et soigne-le jusqu’à mon retour ; et malheur à toi si tu le quittes encore sans ma permission !

Rébecca se retira. À force de supplications, elle était parvenue à obtenir d’Urfried la permission de quitter la tourelle, et Urfried avait employé ses services à des soins