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IVANHOÉ.

elle verra bientôt que de Bracy sait la servir plus noblement.

— Comme chrétienne, je vous pardonne, sire chevalier, dit Rowena.

— Ce qui signifie, insinua Wamba, qu’elle ne lui pardonne pas du tout.

— Mais, continua Rowena, je ne pourrai jamais oublier les malheurs et la désolation qui sont résultés de votre folie.

— Lâche la bride du cheval de cette dame ! s’écria Cédric en accourant vers eux. Par le soleil qui nous éclaire ! sans la honte qui me retient, je te clouerais en terre avec mon javelot ; mais sois bien assuré, Maurice de Bracy, que tu porteras la peine de la part que tu as prise à cette infâme action.

— Il menace sans danger, celui qui menace un prisonnier, dit de Bracy ; mais quand un Saxon connut-il jamais un sentiment de courtoisie !

Puis, se retirant de quelques pas en arrière, il laissa passer Rowena.

Cédric, avant de s’éloigner, témoigna sa reconnaissance particulière au chevalier noir, et le pria vivement de les accompagner à Rotherwood.

— Je sais, dit-il, que vous autres, chevaliers errants, vous aimez à porter votre fortune au bout de votre lance, et que vous ne vous souciez guère des terres ni des biens ; mais la guerre est une maîtresse inconstante, et, même pour le champion dont le métier est d’errer çà et là, un foyer est quelquefois désirable. Tu en as un dans les salles de Rotherwood, noble chevalier. Cédric est assez riche pour réparer les torts de la fortune, et tout ce qu’il possède est à la disposition de son libérateur. Viens donc à Rotherwood, non comme un hôte étranger, mais comme un fils ou comme un frère.

— Cédric m’a déjà rendu riche, répondit le chevalier : il m’a appris à connaître le prix de la valeur saxonne. J’irai certainement à Rotherwood, brave Saxon, j’irai avant peu ;