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IVANHOÉ.

la sainte communauté de Jorvaulx. Voici un ménestrel ivre et profane, qu’on appelle Allan-a-Dale, nebulo quidam, qui m’a menacé d’un châtiment corporel, bien plus, de la mort même, si je ne payais pas quatre cents couronnes de rançon en sus de tous les trésors qu’il m’a déjà dérobés, des chaînes d’or et des bagues d’une valeur inconnue, sans compter ce qui a été brisé et gâté par des mains grossières, entre autres ma boîte et mes fers à friser en argent.

— Il est impossible qu’Allan-a-Dale ait traité de la sorte un homme de votre importance, répondit le capitaine.

— C’est pourtant aussi vrai que l’Évangile de saint Nicodème, répondit le prieur. Il a juré, avec maints affreux serments de votre pays du Nord, qu’il me suspendrait à l’arbre le plus élevé de la forêt.

— A-t-il vraiment dit cela ? reprit Locksley. En ce cas, mon révérend père, je vous conseille de vous rendre à ses instances ; car Allan-a-Dale est homme à tenir sa parole quand il l’a ainsi engagée[1].

— Vous voulez plaisanter, dit le prieur interdit en s’efforçant de rire, et j’aime de tout mon cœur les bonnes plaisanteries… Ah ! ah ! ah ! Mais, quand la gaieté a duré toute la nuit, il faut redevenir grave le matin.

— Et je suis aussi grave qu’un père confesseur, répliqua l’outlaw. Il faut que vous payiez une grosse rançon, sire prieur, ou bien votre couvent devra faire une nouvelle élection, car on ne vous y reverra plus.

— Êtes-vous chrétiens, demanda le prieur, vous qui tenez ce langage à un membre du clergé ?

— Chrétiens ! oui certes, nous le sommes, et, qui plus est, nous avons un prêtre parmi nous, répondit l’outlaw. Que

  1. On rapporte qu’un commissaire a reçu une consolation semblable de la part d’un certain général en chef à qui il était venu se plaindre qu’un officier général avait employé envers lui une menace du genre de celle d’Allan-a-Dale.