Page:Scott - Ivanhoé, trad. Dumas, 1874.djvu/602

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

est une race fière, querelleuse et toujours prête aux troubles intérieurs ; un tel pays n’offre pas un asile sûr aux enfants de mon peuple. Ephraïm est une colombe timide ; Issachar est un serviteur trop surchargé, qui succombe sous un double fardeau. Ce n’est pas dans une terre de sang et de carnage, entourée de voisins hostiles et déchirée de factions intestines qu’Israël peut espérer de trouver le repos pendant qu’il erre d’un pays à l’autre.

— Mais vous, jeune fille, dit Rowena, vous n’avez assurément rien à craindre ; celle qui a soigné Ivanhoé pendant sa maladie, ajouta-t-elle avec enthousiasme, ne doit rien craindre en Angleterre, où Saxons et Normands se disputeront l’honneur de la servir.

— Votre langage est bienveillant, noble dame, dit Rébecca, et votre intention meilleure encore. Mais cela est impossible, il y a un gouffre entre nous ; notre éducation, notre culte nous défendent également de le franchir. Adieu ! Cependant, avant que je parte, accordez-moi une faveur. Le voile de l’hymen cache votre figure ; daignez le lever et laissez-moi voir des traits dont la renommée parle avec tant d’éloges.

— Ils ne méritent pas d’arrêter les regards, dit Rowena ; mais je ne m’y refuserai point, à condition que vous m’accorderez la même faveur.

Toutes deux levèrent leur voile en ce moment. Soit par timidité, soit par le sentiment intime de ses charmes, Rowena sentit ses joues, son front, son cou et son sein se couvrir d’une vive rougeur. Rébecca rougit aussi ; mais ce fut une émotion passagère, dominée par des sentiments plus élevés ; cette rougeur se dissipa comme s’efface le nuage empourpré quand le soleil qui le colore plonge sous l’horizon.

— Noble dame, dit-elle, le visage que vous avez daigné me montrer restera longtemps gravé dans mon souvenir ; la douceur et la bonté y sont empreintes, et, si une teinte des vanités ou de la fierté du monde vient se mêler à une