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LA


DAME DU LAC.



CHANT PREMIER.




LA CHASSE.


Harpe du Nord, toi qui fus long-temps négligée sur l’ormeau magique dont l’ombrage protége la source de Saint-Fillan ! la brise faisait encore vibrer parfois tes cordes harmonieuses, lorsque le lierre jaloux est venu les entourer de ses festons de verdure… Harpe des ménestrels ! qui réveillera tes accords enchanteurs ? resteras-tu long-temps muette au milieu du frémissement du feuillage et du murmure des ruisseaux ? ne feras-tu donc plus sourire le guerrier et pleurer la jeune fille ?

Aux temps antiques de la Calédonie, tu mêlais toujours aux chants de fête tes sons mélodieux, alors que le lai d’un amour malheureux, ou l’hymne de la gloire, attendrissait les cœurs les plus farouches, et donnait du courage aux plus timides ! Quand le ménestrel se taisait, tu faisais entendre tes accords inspirateurs, et tu captivais l’attention des jeunes beautés et des fils de la vaillance ; car tu célébrais aussi les charmes de la châtelaine et les exploits de la chevalerie !

Réveille-toi, harpe du Nord ! quelque inhabile que soit la main qui ose errer sur tes cordes magiques ; réveille-toi, quoique je