Page:Scott - Oeuvres de Walter Scott, trad Defauconpret, 1836.djvu/350

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tête ; sa haute stature s’est développée progressivement : son front est farouche, ses yeux lancent l’éclair de la menace ; malgré les rides qui sillonnent ses traits, malgré son air sombre et terrible, il ressemble encore à Hélène.

Le chevalier s’éveille en sursaut, et la vision de la nuit fait palpiter son cœur d’effroi. Les tisons mourans du foyer jetaient encore par intervalle des lueurs rougeâtres et sinistres qui ne découvraient qu’obscurément les bizarres trophées de ce château. L’étranger fixe ses regards sur la pesante épée dont la chute l’avait fait tressaillir la veille. Mille pensées contraires se succèdent dans son ame. Pour calmer cette agitation cruelle, il se lève, et va contempler les pures clartés de la lune.

XXXV.

Le genêt, la rose sauvage et l’églantier exhalaient à l’entour leurs riches parfums ; les bouleaux répandaient leurs larmes embaumées, et le saule laissait pencher ses rameaux immobiles.

Les rayons argentés de l’astre des nuits se jouaient sur le sein paisible de l’onde avec un doux frémissement… Quel cœur aurait pu résister au calme si doux de cette heure silencieuse ! Le chevalier de Snowdoun en éprouva l’influence, et se dit à lui-même :

— Pourquoi retrouvé-je à chaque pas quelque souvenir de cette race exilée ! Ne puis-je rencontrer une fille des montagnes qu’elle n’ait le regard des Douglas ! Toutes les épées que je vois me sembleront-elles toujours n’être faites que pour le bras de ce Chef odieux ! Douglas viendra-t-il donc toujours me poursuivre dans mes songes !… Je ne veux plus rêver… Une volonté ferme n’est même pas domptée dans le sommeil ! Adressons mes prières au ciel, endormons-nous, et ne rêvons plus.

Le chevalier répéta dévotement son rosaire, confiant à Dieu ses soucis et ses peines ; puis il goûta un sommeil profond, jusqu’au moment où le coq de bruyère fit entendre son cri aigu, et annonça que l’aube matinale blanchissait la cime du Ben-Venu.



FIN DU CHANT PREMIER.