Page:Scott - Oeuvres de Walter Scott, trad Defauconpret, 1836.djvu/375

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elui qui désobéirait au signal qui l’appelle au secours de son Chef ; il éteint dans le sang les branches enflammées de la croix ; il élève une dernière fois ce signal, et sa voix sépulcrale prononce ces paroles :

— Quand cette croix parcourra de main en main les domaines du fils d’Alpine, pour appeler ses vassaux aux armes, que l’oreille qui feindra de ne pas entendre soit frappée cle surdité ! que le pied qui refusera d’accourir demeure à jamais immobile ! que les corbeaux déchirent les yeux indifférens ! que les loups dévorent le cœur du lâche ! comme ce sang immonde rougit la terre, que son sang abreuve ses foyers ! que le flambeau de sa vie s’éteigne comme cette flamme ! que lui seul il implore en vain la grace dont ce symbole est le gage pour tous les hommes.

Il a dit. Aucun écho ne répéta le murmure approbateur qui répondit à cette imprécation.

XII.

Alors l’impatient Roderic prit le symbole de la main de Brian :

— Pars, Malise, pars ! dit-il en remettant la croix à son

376 LA DAME DU LAC.

brave écuyer : la prairie de Lanric est le lieu du rendez-vous. Le temps presse ;... pars, Malise, pars !

Semblable à l’agile francolin qui fuit la serre cruelle des autours, une nacelle sillonne le lac Katrine. L’écuyer se tient à la proue ; les rameurs font des efforts si rapides, que l’écume soulevée par le premier coup de l’aviron bouillonnait encore sur le sable de l’île lorsqu’ils atteignirent le rivage opposé : mais la nacelle en était encore à douze pieds de distance, que déjà le messager des combats avait franchi légèrement l’espace qui le séparait de la plage.

XIII.

— Vol, Malise, vole ! Jamais la peau fauve du daim ne fut attaché à un pied plus agile 1. Vole, Malise, vole ! Jamais un plus pressant motif ne doubla ta force et ton activité. Gravis sans reprendre haleine la montagne escarpée ; descends de sa crête aérienne comme le torrent impétueux ; traverse d’un pas prudent les fondrières et le sol mouvant des marais ; franchis le ruisseau comme le chevreuil bondissant ; glisse-toi dans la fougère comme le chien du chasseur. La montagne est haute ; mais ne recule pas à la vue de sa pente rapide. Ton front est brûlant, tes lèvre