Page:Scott - Oeuvres de Walter Scott, trad Defauconpret, 1836.djvu/398

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ie.

Le chevalier regarde, et reconnaît que c’est son noble coursier qui est devenu la pâture des corbeaux.

— Hélas ! mon coursier chéri, dit-il, il eût mieux valu pour toi, et pour moi peut-être, que nous n’eussions jamais vu les Trosachs... Murdoch, passe le premier, mais en silence ; au premier cri, tu es mort.

Se méfiant l’un de l’autre, ils continuent leur route, muets tous deux et tous deux sur leurs gardes.

XXI.

Le sentier serpente autour d’un précipice... Soudain une femme, dont tous les traits sont altérés par les feux du soleil et les in,jures des tempêtes, se montre sur un rocher au-dessus du passage ; elle est couverte de haillons en désordre, elle promène autour d’elle des yeux égarés, considère tour à tour les bois, le rocher et les cieux, semble ne rien remarquer, et tout observer ce-pendant.

Son front était couronné d’une guirlande de genêt ; sa main agitait avec un mouvement bizarre une touffe de ces plumes noires que les aigles abandonnent sur la cime des rochers. Elle avait été elle-même chercher ces dépouilles du roi des airs sur les cimes escarpées où les chèvres pouvaient à peine parvenir.

Elle découvrit d’abord le plaid montagnard, et jeta un cri aigu qui réveilla tous les échos d’alentour ; mais quand elle reconnut le costume des plaines, elle fit un rire insensé, se tordit les mains, pleura, et puis se mit à chanter...

Elle chanta... Sa voix peut-être dans des jours plus heureux se serait mariée aux accords de la harpe et du luth ;

CHANT QUATRIÈME. 403

maintenant, quoique ses modulations fussent moins pures et plus rudes, ses accens avaient encore une douceur et une mélodie étranges.

XXII. LA ROMANCE DE BLANCHE.

— Dors, disent-ils, pauvre étrangère !

Invoque un ange tutélaire

Pour rendre le calme à tes sens…

— Puis-je ici fermer ma paupière

Ou prononcer une prière

Dans la langue de mes tyrans !

Dans le vallon qui m’a vu naître

Le doux sommeil viendrait peut-être

Verser sur mon front ses pavots ;

Aux lieux où le Devait murmure

Ma voix, du Dieu de la nature,

Obtiendrait l’éternel repos.

Je me souviens du jour de fête

Où ma nourrice sur ma