Page:Scott - Oeuvres de Walter Scott, trad Defauconpret, 1836.djvu/402

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issent. Je meurs abreuvée d,’outrages et de malheurs ; mais quelque chose dans tes regards me dit que tu es né pour me venger... Vois-tu cette tresse ?... J’ai toujours conservé cette tresse de cheveux blonds dans

CHANT QUATRIÈME. 407

mes dangers, ma démence et mon désespoir. Ces cheveux eurent jadis la couleur d’or des tiens ; mais le sang et mes larmes en ont terni tout l’éclat.…. Je ne dirai point quand ils me furent remis, à quel front ils appartinrent…. Ma raison m’abandonnerait encore…. Mais qu’ils servent de panache à ton noble cimier, jusqu’à ce que les rayons du soleil et le souffle des vents aient effacé la tache qui les souille ; alors tu me les rapporteras... Hélas !... je sens que je suis encore dans le délire !... O mon Dieu ! permets à ma raison de m’éclairer de ses dernières clartés... Par ton titre glorieux de chevalier, par ta vie conservée aux dépens de la mienne, promets-moi, quand tu verras un guerrier cruel qui se dit avec orgueil le chef du clan d’Alpine, et tu le reconnaîtras à son noir panache, à sa main sanglante, à son front farouche, promets-moi de redoubler de courage et de force pour venger les outrages de la pauvre Blanche de Devan ! ... On a juré ta mort ; tous les passages sont gardés... Evite ce sentier.... O ciel !….. Adieu.

XXVIII.

Le brave Fitz-James avait un cœur sensible, et ses yeux répandaient facilement des larmes à l’aspect de l’infortune ce fut avec une émotion confuse de douleur et de rage qu’il vit expirer la pauvre Blanche.

— Que Dieu m’abandonne aux jours de mes dangers, dit-il, si j’oublie de demander vengeance à ce Chef barbare !

Il réunit une tresse des cheveux de Blanche à ceux de son amant, les trempa dans le sang, et les plaça sur le côté de sa toque :

— Je jure, s’écria-t-il, par le nom de celui dont la parole est la vérité, de ne jamais porter d’autre marque de la faveur des dames, jusqu’à ce que j’aie teint ce triste gage dans le sang de Roderic !... Mais écoutons... Que veulent dire ces clameurs lointaines’’La chasse commence ; mai ;,

408 LA DAME DU LAC.

ils apprendront que le cerf aux abois est encore un ennemi dangereux.

Le chemin qu’il connaît lui est fermé par les montagnards qui le gardent ; il faut que Fitz-James erre à travers les rochers et les taillis ; les torrens et les précipices qu’il trouve sur son passage le forcent souvent de revenir sur ses pas et de changer de sentier.

A la fin, découragé, harassé de fatigue, épuisé par le besoin, il s’éten