Page:Scott - Oeuvres de Walter Scott, trad Defauconpret, 1836.djvu/415

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— Je dédaigne et tes menaces et ta pitié ! Parle de se rendre au lâche qui craint de mourir !

Tel que le serpent qui déroule soudain ses anneaux, tel que le loup qui brise les pièges qui le retiennent captif, tel que le chat-pard qui combat pour ses petits, Roderic s’élance à la gorge de Fitz-James, reçoit une nouvelle blessure dont il s’aperçoit à peine, et enlace son ennemi dans ses bras nerveux. — C’est ici, vaillant Saxon, que toute ta vigueur t’est nécessaire ! Ce n’est pas une jeune fille qui te presse avec amour ; une triple cuirasse de fer et d’airain ne t’empêcherait pas de sentir cette étreinte du désespoir !

Ils luttent avec des efforts redoublés….. Ils tombent ; Fitz-James est sous Roderic.

La main du montagnard lui serre la gorge ; son genou est appuyé sur son sein ; il écarte les boucles de ses cheveux, essuie son front et ses yeux souillés de sang et de poussière, et il fait briller en l’air sa dague menaçante.

Mais la haine et la rage ne peuvent plus suppléer à l’épuisement des sources de sa vie ; il a obtenu trop tard l’avantage qui allait faire tourner pour lui les chancres de ce combat à mort ; pendant qu’il brandit son glaive, un

422 LA DAME DU LAC.

vertige s’empare de ses sens et de son ame il frappe ; mais le fer, mal dirigé, s’enfonce dans la bruyère ; Fitz-James se débarrasse d’un ennemi trop affaibli ; il se relève sans blessure, mais respirant à peine.

XVII.

Il murmure en balbutiant ses actions de graces au ciel, qui sauve ses jours dans un combat si hasardeux ; et puis il fixe ses yeux sur son ennemi, qui semble près de rendre le dernier soupir.

Il trempe les cheveux de. Blanche dans le sang de Roderic, et s’écrie ;

— Pauvre Blanche, la vengeance de tes outrages me coûte cher ; mais ton oppresseur a des droits aux titres de gloire que méritent la valeur et la loyauté.

A ces mots il sonne de son cor, puis détache son collier, se découvre la tête, et va laver dans l’onde son front et ses mains souillées de sang.

Il entend retentir dans le lointain les pas des chevaux qui accourent à