Page:Scudéry - Artamène ou le Grand Cyrus, cinquième partie, 1654.djvu/15

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s conjurer en mon particulier, d’avoir ſoin d’un Priſonnier nommé Anaxaris, à qui je dois la vie du Prince Spitridate. Je penſe meſme qu’il eſt à propos de vous dire, que depuis noſtre entreveüe, où je ne pûs rien obtenir de vous, l’illuſtre Cyrus n’a rien changé en ſa façon d’agir aveque moy : & que le mauvais ſuccés de ma negociation, ne l’a pas rendu plus rigoureux. Soyez donc, s’il vous plaiſt le protecteur de tous les Priſonniers que l’on a faits, & particulierement de ceux que je vous ay nommez ſi vous me voulez témoigner que mes prieres vous ſont cheres, & que vous avez encore quelque amitié pour la malheureuſe

ARAMINTE.


Pleuſt aux Dieux (s’écria Cyrus, apres la lecture de cette Lettre) qu’il me fuſt permis de vous redonner la liberté toute entiere, pour reconnoiſtre la bonté que vous avez l’une & l’autre pour moy (dit il en regardant Panthée & Araminte) mais il faut eſperer que je ne mourray pas ſans avoir du moins eu cette ſatisfaction.

Cependant, adjouſta t’il, comme il faut ne perdre pas de temps, vous ſouffrirez que j’aille dépeſcher Aglatidas : & en effet apres que ces Princeſſes eurent reſpondu à ſa civilité, il ſortit. Ce fut touteſfois ſans prendre congé d’elles : parce qu’il fit deſſein de diſner en ce lieu là. Il donna donc tous les ordres neceſſaires à Aglatidas, tant pour parler en faveur des Priſonniers, que pour taſcher de sçavoir des nouvelles de Mandane. Il luy recommanda auſſi tendrement, d’avoir ſoin de Feraulas : & allant à la chambr